Au début de sa carrière, on disait presque de Vincenzo Nibali qu’il était plus fort en descente qu’en montée, mais au fil des années, le Requin s’est révélé être un champion complet, capable de gagner sur n’importe quel terrain. Son histoire avec le Giro d’Italia est glorieuse, mais il a dû attendre sa troisième participation, en 2010, pour goûter à la victoire, à 25 ans, au moment il atteignait la plénitude de ses moyens.
Cette année-là, le Sicilien avait déjà porté la Maglia Rosa pendant trois jours, grâce à sa victoire dans le contre-la-montre par équipes avec l’équipe Liquigas-Doimo, avant de la perdre lors de la journée boueuse sur les routes blanches où il s’est retrouvé à terre. Entre-temps, il y avait également eu la désormais célèbre échappée de L’Aquila, qui avait fait voler en éclats le classement général et l’avait contraint, avec son leader Ivan Basso, à lancer de grandes manoeuvres.
La remontée a commencé lors de la 14e étape, qui menait de Ferrare à Asolo et comprenait l’exigeante ascension du Monte Grappa sur le versant de Semonzo. Au sommet, il restait 40 kilomètres à parcourir. Comme prévu, Liquigas a fait monter la pression dès les premières rampes de l’ascension, a mis en difficulté le porteur de la Maglia Rosa Richie Porte et lancé Nibali, dont l’accélération à 5 kilomètres du sommet était seulement suivie par Michele Scarponi, le champion du monde Cadel Evans et Basso. Dès le début de la descente, le Requin affiche son immense qualité technique, effleurant les virages avec précision et audace, et se détachant rapidement de ses rivaux. L’Italien arrive en bas de la descente avec 50 secondes d’avance sur ses premiers poursuivants, une marge qu’il conservera pendant les 15 kilomètres de plat qui suivent jusqu’à Asolo.
La mission de Liquigas est accomplie avec le triomphe d’Ivan Basso dans les arènes de Vérone et la troisième place de Nibali, qui décroche ainsi le premier de ses onze podiums sur les Grands Tours. Dans la descente du Monte Grappa, le Sicilien a remporté sa première victoire d’étape dans le Giro. Au cours des années suivantes, il en remportera six autres. Surtout, il montera cinq fois sur le podium final, les triomphes de 2013 et 2016 venant embellir une carrière légendaire.