“Un homme seul en tête, son maillot est bleu et blanc : son nom est Fausto Coppi.” Les mots du commentateur radio Mario Ferretti résonnent pour l’éternité. Fausto Coppi était sur le point d’accomplir l’exploit le plus légendaire de son extraordinaire carrière dans l’étape Cuneo-Pinerolo du Giro d’Italia 1949, où il repoussait à plus de 11 minutes son premier poursuivant, Gino Bartali, et prenait la Maglia Rosa à Adolfo Leoni.
Le Campionissimo avait déjà remporté deux bouquets dans cette édition de la Corsa Rosa. La première victoire était intervenue à Salerne, dans la très longue étape Cosenza-Salerno de 292 km. La ligne d’arrivée se trouvait dans l’ancien Stadio Comunale et l’étape était très exigeante, caractérisée par la traversée éprouvante des montagnes de Calabre et de Lucanie avant d’atteindre le bord de mer. Le dénouement s’est joué en plein centre-ville. À quelques centaines de mètres de l’arrivée, les fuyards Adolfo Leoni, Antonio Bevilacqua et Giorgio Cargioli étaient revus…
Coppi a tiré parti d’une difficulté imperceptible, en sprintant sur les rampes de la Via dei Principati pour rattraper les hommes de tête avant de poursuivre à toute allure jusqu’à la ligne, où il devançait Leoni et son rival de toujours, Bartali. Sur le podium cet après-midi-là, Giordano Cottur portait la Maglia Rosa, qu’il allait garder quelques jours avant de la céder à Mario Fazio, puis à Adolfo Leoni et, enfin, après la journée épique de Pinerolo, au Campionissimo, lancé vers sa troisième victoire finale sur le Giro d’Italia. Un mois après la tragédie de Superga et la disparition de l’équipe du Grande Torino, l’Italie, sportive et civile, avait retrouvé une raison de sourire.