Plutôt que pour le sprint magistral d’Ivan Quaranta, qui a devancé Jan Svorada et Mario Cipollini, la 10e étape du Giro d’Italia 2000, qui menait les coureurs de San Marcello Pistoiese à Padoue sur un parcours de 253 km, est restée dans les mémoires pour une manifestation impromptue provoquée par certaines équipes, italiennes pour la plupart, pour le produit des droits télévisés.
Poussés par leur propre direction et le syndicat des coureurs, plutôt que par une réelle conviction, les athlètes désertèrent la remise des prix à l’issue de l’étape et se réfugièrent dans un silence qui dura tout l’après-midi. En pratique, Quaranta n’est pas venu célébrer la victoire d’étape et Francesco Casagrande n’a pas porté la Maglia Rosa, ce qui n’était arrivé qu’en 1985, dans ce cas avec Francesco Moser et Urs Freuler, en raison d’une protestation liée au sponsor. Ce jour-là, seul Fabrizio Guidi est monté sur le podium paradoxal en portant la Maglia Azzurra de l’Intergiro, son équipe, la FDJ, n’étant pas liée au syndicat des coureurs.
Dans des propos captés par certaines chaînes de télévision, Quaranta le laissait aller : “Ne pas célébrer, c’est comme prendre une pelle dans la figure”. Une remarque qui traduit bien l’état d’esprit et la confusion des coureurs devant cette grève. Le sprinteur crémasque – actuellement collaborateur technique de l’équipe nationale de vitesse sur piste – a remporté six étapes du Giro d’Italia et, après cette journée surréaliste à Padoue, il a trouvé une autre façon de faire la fête à la Corsa Rosa, en remportant deux étapes lors de l’édition 2001.