“Attention, Pantani a crevé. Ou peut-être un saut de chaine”. Ainsi s’exclamait le commentateur italien de l’édition 1999 au Giro d’Italia. Cette voix résonne dans l’histoire du cyclisme.
Marco Pantani porte la Maglia Rosa. Il l’a récupérée la veille sur la ligne d’arrivée de Borgo San Dalmazzo, aux dépens de Laurent Jalabert, et il mène désormais le classement général avec 53″ sur Paolo Savoldelli et 1’21” sur Ivan Gotti. L’étape Racconigi-Santuario di Oropa s’annonce donc déterminante pour tous ceux qui espèrent encore contrer le “Pirate”. La montée finale n’est pas particulièrement difficile, puisqu’elle mesure 11,7 km et présente une pente moyenne de 6,2%, mais la course s’enflamme soudain dès les premières pentes vers Oropa : le porteur de la Maglia Rosa a un problème mécanique ! Pantani descend de son vélo, c’est un saut de chaîne. Avec l’aide d’un mécanicien de Shimano, il parvient à repartir rapidement, ne perdant que 45″ sur le peloton.
Mais plus loin dans la montée, les adversaires se rendent compte de l’absence de Pantani et décident de profiter de l’occasion. L’équipe Mercatone Uno attend son leader, qui reste extraordinairement lucide. Il laisse ses coéquipiers l’aider à regagner du terrain et se lance à la poursuite de ses adversaires en signant une démonstration digne d’un maestro. En l’espace de 6 kilomètres, il rattrape et dépasse 49 coureurs, dont Gotti, Savoldelli, Simoni et Jalabert, seul en tête. Pantani gagne, Maglia Rosa sur le dos, mais ne lève pas les bras au ciel. “Je ne pensais pas les avoir tous rattrapés…”
