Quelques années seulement se sont écoulées depuis que Richard Carapaz (2019), Egan Bernal (2021) et Jai Hindley (2022) ont remporté le Giro d’Italia et réalisé l’un des rêves de leur carrière. Pourtant, en si peu de temps, les hiérarchies du monde du cyclisme ont changé, des phénomènes ont fait leur apparition et sont rapidement devenus cannibales, ne laissant à tous les autres que des miettes. Les trois vainqueurs du Giro mentionnés ci-dessus, qui pourront profiter du magnifique Trofeo Senza Fine pour le reste de leur carrière et de leur vie, n’ont pas connu leur meilleure période au cours des deux dernières années, pour différentes raisons, mais lorsqu’ils voient le Rosa italien, ils pourraient retrouver cette énergie que nous avons admirée plus d’une fois sur les routes italiennes.
Carapaz, par exemple, en trois participations au Giro, n’est jamais descendu en dessous de la 4e place obtenue en 2018. Il a ensuite remporté l’épreuve en 2019 et terminé 2e en 2022, battu par Hindley dans un duel final passionnant sur la Marmolada. Ces dernières saisons, cependant, l’ont souvent vu à la recherche de sa meilleure forme, même s’il faut dire que la deuxième moitié de 2024 a été encourageante à cet égard, avec une victoire d’étape et le maillot à pois au Tour de France avant de prendre la 4e place de la Vuelta a España. Le début de cette saison n’a pas été particulièrement enthousiasmant, mais on espère bien voir l’Équatorien dans les dispositions idéales pour lutter pour le podium de la Corsa Rosa.
La carrière de Bernal, de son côté, a été bouleversée par le terrible accident survenu en janvier 2022, sept mois après son triomphe sur le Giro, lorsqu’une collision avec un bus pendant qu’il s’entraînait lui a valu 20 fractures sur tout le corps et le risque sérieux de ne plus jamais remarcher. Le grimpeur colombien n’a cependant jamais abandonné, il a repris la compétition, à un très bon niveau, mais il n’a plus été compétitif pour le classement général d’un Grand Tour. Le plus important, comme il l’a toujours admis, c’est qu’il soit toujours dans le peloton pour concourir et poursuivre ses rêves, ce qui était loin d’être évident après son accident. Récemment, il a renoué avec la victoire en janvier (la dernière remontait au Giro 2021) en s’imposant dans le contre-la-montre et l’épreuve en ligne des championnats de Colombie. Puis, en février, il s’est cassé la clavicule lors de la Clasica Jaen, avant de faire un nouveau retour en mars avec une 7e place à la Volta a Catalunya. Ce n’est peut-être plus le Bernal d’il y a quelques années, mais il n’en reste pas moins un des coureurs les plus populaires.
Hindley, enfin, est le vainqueur le plus récent de ce trio, mais lui aussi, après son triomphe en 2022, tout en restant toujours à un excellent niveau, n’a pas réussi à retrouver son pic de performance, sauf brièvement lors du Tour de France 2023, où il a remporté une étape et porté le maillot jaune. Nous l’avions découvert à l’occasion du Giro 2020, où il prenait la deuxième place à quelques secondes de Tao Geoghegan Hart. Deux ans plus tard, toujours sur les routes de la Corsa Rosa, il s’offrait le sacre ultime. Trois ans plus tard, nous le retrouverons en Albanie pour voir à quel point le Giro lui permet de donner le meilleur de lui-même.
L’Australien, cependant, contrairement à Carapaz (EF Education-EasyPost) et Bernal (Ineos Grenadiers), risque de devoir s’effacer devant la hiérarchie de son équipe, qui compte également sur Primož Roglič, favori de l’épreuve. Il n’est toutefois pas exclu que Red Bull-Bora-hansgrohe tente de maintenir les deux coureurs dans les premières positions du classement général, pour se couvrir en cas d’imprévu. Hindley aurait alors de belles chances de retrouver Carapaz et Bernal aux avant-postes.
