Devant les triomphes attendus de samedi, à Sienne, on pourrait facilement dire : “comme prévu !” Les plus forts, les favoris avant la course, les plus talentueux, se sont à nouveau imposés : Tadej Pogačar chez les hommes et Demi Vollering chez les femmes. Mais le cyclisme, tout particulièrement dans la poussière des Strade Bianche, ne se résume pas à une liste de noms inscrits dans les livres des records.
L’édition 2025 a offert bien plus que les coups de pédale décisifs et époustouflants de Tadej et Demi.
Dans l’ordre, le final de la course féminine a offert les premières montagnes russes émotionnelles de la journée. Il y a eu la malheureuse chute de Katarzyna Niewiadoma (Canyon/SRAM zondacrypto), puis la défaillance d’Elisa Longo Borghini(UAE Team ADQ), si intense que l’Italienne avait besoin de tous les encouragements et du soutien de ses coéquipières. Puis vint l’attaque d’Anna van der Breggen (SD Worx-Protime) sur le secteur du Tolfe, une offensive qui nous ramenait trois ans en arrière. L’athlète était une coureuse extraordinaire… Elle l’est toujours !
Mais Demi Vollering a répondu, rappelant fermement qui est la reine actuelle du cyclisme international. Son duel palpitant avec la plus expérimentée Van der Breggen s’est finalement décidé, comme souvent, sur les terribles pourcentages de la Via Santa Caterina. Une attaque parfaitement maîtrisée a laissé Van der Breggen sans réponse. Vollering a signé sa deuxième victoire sur les Strade Bianche, portant à six le nombre de succès néerlandais en 11 éditions. Depuis 2018, le palmarès est trusté par des Néerlandophones (dont la Belge Lotte Kopecky). Une domination totale.
L’action dans la course masculine a commencé plus tôt. Dans le secteur du Monte Sante Marie, on pouvait presque croise à une rediffusion de l’édition 2024, mais cette fois, sur ce secteur clé de l’épreuve, Pogačar n’a pas distancé le reste du monde. Tom Pidcock (Q36.5) a non seulement survécu à l’accélération du Slovène… C’est même lui le premier à avoir déclenché les hostilités !
Le grand rebondissement a eu lieu dans la descente de Monteaperti : Pogačar est parti à la faute. Maillot arc-en-ciel en lambeaux, le flanc recouvert de sang… Le roi allait-il devoir abdiquer ? Pas du tout. En quelques kilomètres, Pogačar était de retour dans la roue de Pidcock. La course est devenue un duel, mais avec Pogačar, il y a rarement match. Le Slovène a accéléré dans la dernière ascension du Colle Pinzuto, et, cette fois, Pidcock n’a pas pu tenir le coup. La suite était prévisible : le champion du monde a profité d’une chevauchée en solitaire de 18 kilomètres, gravissant une fois de plus la Via Santa Caterina seul avant de remporter sa troisième victoire sur la Piazza del Campo. Sa chute n’a pas suffi à lui faire mordre la poussière.
Pogačar devient le premier champion du monde à remporter les Strade Bianche masculines, égalant le record de trois victoires de Fabian Cancellara et consolidant ainsi sa place dans l’histoire. Une pierre commémorative (appelée cippo) est en préparations pour célébrer le Slocène, qui se verra dédier un secteur gravel.
Nous pouvons affirmer avec certitude que peu de personnes le méritent plus que lui.
