Un avion qui atterrit à Milan et un panneau “Giro d’Italia”. Un “andiamo” (“allons-y” en italien) parfaitement prononcé, délivré avec ce sourire que tout le monde a appris à aimer.
En 29 secondes, les fans de cyclisme du monde entier ont été transportés loin des achats de Noël lorsqu’ils ont appris la participation de Tadej Pogačar au Giro d’Italia 2024, pour ses débuts sur le Grand Tour italien.
Âgé de vingt-cinq ans et leader du classement mondial UCI depuis trois ans, le Slovène aborde la Corsa Rosa avec un palmarès déjà superbe, fort de 63 victoires au cours de ses cinq premières saisons en tant que professionnel. Ce tableau de chasse, impressionnant pour n’importe quel coureur, a fortiori pour quelque’n qui n’est pas un sprinteur, fait de lui un grand de son sport. Et Pogi a de bons souvenirs sur les routes transalpines.
Sa relation avec l’Italie remonte à 2016, sa deuxième année dans les rangs juniors. Ses talents de grimpeur émergent lui ont permis de remporter une étape et le classement général au Giro della Lunigiana, avant de s’imposer deux ans plus tard sur le Giro del Friuli, chez les moins de 23 ans. Une carrière professionnelle était une évidence pour ce talent époustouflant, et l’équipe UAE Team Emirates a su s’imposer face à la concurrence. En 2019, il a fait ses débuts dans un grand tour, la Vuelta a España, et le spectacle a été au rendez-vous ! Trois victoires d’étape et un podium au classement général, un préambule à ce qui allait se produire un peu plus de douze mois plus tard lorsque, nouveau venu sur le Tour de France, il renversait le classement général dans le contre-la-montre épique de La Planche des Belles Filles, où il a écrasé son compatriote et rival Primož Roglič avec une marge de 1’56”. Ce monstre du cyclisme s’est également emparé du Tour 2021, prouvant qu’il n’était pas l’homme d’un seul exploit. Cette année-là, sa moisson de victoires dépassait les dix unités pour la première fois de sa carrière, avec notamment des succès sur l’UAE Tour, Tirreno-Adriatico et, pour la première fois, Il Lombardia. Depuis, il a remporté le Monument automnal trois fois de suite, un exploit réalisé seulement par Alfredo Binda et Fausto Coppi. Ces noms ramènent à des temps anciens, à un cyclisme révolu, que Pogačar ressuscite volontiers, à l’image de son offensive solitaire sur une cinquantaine de kilomètres pour remporter les Strade Bianche en 2022. Cette année lui permet à la fois de récidiver sur l’UAE Tour et Tirreno, mais aussi d’élargir ses horizons sur les classiques (5e de Milano-Sanremo, 4e du Tour des Flandres).
Un an plus tard, il s’impose en conquérant sur les monts flandriens, qui le voient remporter un duel extraordinaire avec Mathieu van der Poel, deux semaines après avoir terminé quatrième de la Classicissima remportée par le Néerlandais, désormais champion du monde. Une chute à Liège-Bastogne-Liège, qui l’a écarté des courses pendant près de deux mois, n’a pas empêché le Slovène de remporter 17 victoires en 2023, son record sur une saison.
Un nouveau défi unique s’offre désormais à Pogačar, la Corsa Rosa, lancée avec ce ”Andiamo” qui électrise les suiveurs et emballe le compte à rebours en vue de la Grande Partenza du 4 mai.