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    Au milieu du chemin de notre vie

    21/05/2021

    32 ans et 111 jours ne font pas de vous un "vieux".

    On se trouve plutôt “Nel mezzo del cammin di nostra vita”, “Au milieu du chemin de notre vie”, pour reprendre un vers connu de 99,9% des Italiens. Et c’est parfaitement approprié à cette 13e étape dédiée à Dante Alighieri, dont la Divine Comédie est parfois présentée comme la preuve d’une profonde crise d’identité, en raison justement de cette célèbre première ligne. Depuis la Seconde Guerre Mondiale, seuls 12 coureurs italiens ont remporté leur première étape du Giro à un âge plus avancé que celui de Giacomo Nizzolo (la statistique vient de Michele Merlino, l’extraordinaire statisticien du Giro d’Italia, même s’il s’agit d’une curiosité plutôt que d’un record).

    Il n’y a jamais eu un seul chemin, comme l’illustre le soigneur qui attendait Nizzolo sur la ligne d’arrivée. Après cinq saisons en WorldTour, toutes au côté de Nizzolo à la Trek-Segafredo, Eugenio Alafaci s’est réorienté comme masseur, mais il est resté le gregario fidèle de Giacomo.

    Les échappés étaient parfaitement conscients des différentes voies qui s’ouvraient devant eux aujourd’hui. Défait dans le premier sprint intermédiaire par Umberto Marengo, privé de sa première place au classement des sprints intermédiaires, Simon Pellaud a pris un chemin de traverse en se lançant dans une offensive solitaire qui lui a valu 17km au classement Fuga Bianchi, lui assurant de rester en tête de cette compétition une journée de plus. Derrière eux, Fernando Gaviria reprenait trois points pour la Maglia Ciclamino points à Peter Sagan, qui commentait, à l’arrivée : “Il n’y a pas beaucoup de points dans les sprints intermédiaires, donc je les fais en restant dans les roues”.

    Quand Dries De Bondt est sorti du peloton pour prendre quelques points de la combativité dans le deuxième sprint intermédiaire, afin de conserver la main sur le classement qu’il dominait au départ, Thomas De Gendt a accéléré et tenté de former une contre-attaque. Le peloton ne les a pas laissé partir et a passé le reste de l’étape à faire en sorte de ne pas reprendre Pellaud, Marengo et leur compagnon d’échappée Samuele Rivi.

    Rivi, d’ailleurs, vient de Trente, mais il est à moitié tyrolais, et il expliquait se sentir parfaitement à la maison en tant que seul coureur italien dans une équipe autrichienne Espoirs jusqu’à l’an dernier. Après avoir entendu l’hymne italien retentir au départ pour célébrer la désignation du Véronais Elia Viviani comme porte-drapeau aux Jeux Olympiques, il est bon de se rappeler les différentes identités qui composent l’Italie.

    La Maglia Rosa et la Maglia Bianca (un seul coureur, deux couleurs) a eu une journée off aujourd’hui. Pareil pour la Maglia Azzurra, Geoffrey Bouchard, qui a 48 points d’avance au classement de la montagne mais pourrait en perdre 40 samedi sur le Monte Zoncolan. Avec tous ces intérêts éparpillés entre différentes sous-compétitions, donnant vie à tant de courses parallèles dans le peloton, le Giro peut-il être considéré comme une compétition unique ? Plutôt que le chemin de vie particulier de Dante, le Giro suit la philosophie du poète portugais Fernando Pessoa : “Nombreux sont ceux qui vivent en nous”. Chaque coureur est libre de choisir à chaque instant le rôle qu’il veut jouer, en sachant que chacun laissera une trace qui fait vivre le peloton.

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