Tadej Pogačar (UAE Team Emirates) n’a pas de rivaux sur le Giro d’Italia 2024. On le pressentait avant même la Grande Partenza piémontaise, taillée à sa mesure pour ses premiers tours de roues sur la Corsa Rosa. Et on en au eu une nouvelle preuve éclatante, certainement définitive, dimanche vers Livigno, où le Slovène a signé une nouvelle démonstration pour remporter la 15e étape, son quatrième succès sur les deux dernières semaines après Oropa, Pérouse et Prati di Tivo.
Les échappés, Nairo Quintana (Movistar) et Georg Steinhauser (EF Education-EasyPost) en premier lieu, ont incarné un semblant de résistance, éteinte par un raid de 15 kilomètres sur les pentes du Passo di Foscagno et les dernières rampes menant à l’arrivée à Livigno.
Les prétendants au général, eux, sont rentrés dans le rang dès que Pogačar s’est dressé sur les pédales, après une journée maîtrisée par ses équipiers. Dauphin au général, Geraint Thomas (Ineos Grenadiers) est désormais repoussé à 6’41’’, un écart inédit après 15 étapes depuis le Giro 1954 marqué par la fuga bidone de Carlo Clerici.
Livigno, de Merckx à Pogačar
C’est donc l’histoire qui peut nous apporter quelques enseignements sur la grandeur des exploits réalisés par Pogačar. Son premier rendez-vous avec la Corsa Rosa remontait à 2014, lorsqu’il avait assisté à Trieste à la victoire de son compatriote Luka Mezgec. Quintana remportait alors le Giro devant un Pogačar peu convaincu par le manque d’offensives du Colombien. Cette année-là, Quintana avait remporté deux étapes, dont une avec la Maglia Rosa sur les épaules…
Pogačar en est déjà à quatre succès, dont trois en tant que leader du classement général. Pour retrouver un bilan de la sorte, il faut se tourner vers Simon Yates, en 2018, mais le Britannique s’était effondré avant l’arrivée. Le Slovène connaîtra-t-il pareille mésaventure d’ici Milan ? On l’imagine plus facilement filer vers un cinquième succès… ce qui nous ramènerait aux exploits d’Eddy Merckx en 1973.
Et puisqu’on emprunte la machine à remonter le temps, ajoutons une année supplémentaire pour nous retrouver à Livigno, en 1972. Le Giro faisait étape pour la première fois dans cette station, que tout le peloton connaît désormais comme lieu de stage en altitude, et Eddy Merckx s’était imposé, en Cannibale. Un demi-siècle plus tard, un successeur est en train d’émerger.